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Les dealers

Cohabitation Urbaine et Médiation : Une Réponse aux Limites des Politiques Répressives

Nous rappelons à nos lecteurs que nous sommes avant tout des travailleurs sociaux et que nous n’avons pas de mandat répressif. Pour toute dénonciation, nous vous invitons à vous adresser directement aux autorités compétentes.

Nous estimons que la légalisation des substances, accompagnée de la dépénalisation de leur consommation, pourrait apporter un changement significatif à cette crise sociétale.
Nos compétences autour de ce phénomène ont été mises à disposition dans le cadre de l’étude « La problématique du crack à Genève« , financée en 2022 par le Département de la Sécurité, de la Population et de la Santé (DSPS).

Le trafic de drogues dans les espaces urbains ne peut être réduit à une simple question d’offre. La demande massive est le moteur principal de ce phénomène. Pour qu’un dealer maintienne son activité et en vive, il lui faut un portefeuille de 60 à 80 clients réguliers par semaine, complété par 50 à 80 clients occasionnels. Cette dynamique de marché, bien ancrée dans les quartiers, rend inefficace une approche purement répressive, car tant que la demande persiste, l’offre s’adaptera aux pressions policières et juridiques.

Cette photo, prise rue de Berne, devant la Maison de quartier des Pâquis, illustre les effets de l’installation de la dernière caméra.

Les politiques tout-répressives, privilégiées dans de nombreux pays, se sont révélées inadaptées face à la complexité des réalités sociales et économiques du trafic de drogues :

  • Déplacement des problèmes : Les opérations policières intensives déplacent souvent les dealers d’un quartier à un autre sans éliminer leur activité.
  • Violence accrue : La répression renforce la compétition entre dealers, ce qui conduit à une augmentation des conflits violents.
  • Marginalisation : Ces politiques stigmatisent les populations vulnérables et accroissent les tensions avec les forces de l’ordre.
  • Reproduction du trafic : La demande étant toujours présente, de nouveaux acteurs prennent rapidement la place des dealers arrêtés.

Face à l’échec des stratégies répressives, leur association avec une approche centrée sur la médiation et la cohabitation urbaine constitue une alternative pragmatique et équilibrée pour endiguer ce phénomène.
Cette approche offre une solution temporaire en attendant de répondre à cette importante demande. Cette complémentarité permet de conjuguer fermeté et dialogue, tout en répondant aux enjeux sociaux sous-jacents.

Cette photo a été prise à l’intersection de la rue de Berne et de la rue du Môle, pendant les horaires scolaires.

La cohabitation entre dealers, consommateurs et habitants passe par une gestion des espaces publics pour limiter les nuisances :

  • Éloignement des zones sensibles : Les dealers sont sensibilisés à l’importance de ne pas opérer à proximité des écoles, des aires de jeux ou des lieux de culte.
  • Réduction de la visibilité : Encourager des pratiques moins intrusives pour les habitants, telles que l’évitement des attroupements massifs ou des lieux très fréquentés.


L’instauration d’une charte de conduite entre les différents acteurs établit des bases solides pour une médiation réussie Les dealers sont invités à adopter des comportements non-violents et à limiter les tensions avec les habitants.
Par exemple, la limitation des horaires ou des zones d’activité pour éviter les conflits directs. En tant que travailleurs sociaux de rue nous travaillons sur cette approche, afin de résoudre les conflits avant qu’ils n’escaladent et encourageons les dealers à explorer des voies de réinsertion sociale et économique.
Les résultats peuvent être concrets, mais les défis restent persistants. Cependant, cette démarche peut avoir un impact considérable sur les tensions sociales et contribuer à réduire les comportements inappropriés dans des lieux sensibles, tels que les périmètres scolaires.