Une Agora Moderne
En prolongeant notre action de travailleurs hors-murs, nous avons trouvé aux Pâquis un quartier unique qui reflète à la fois les défis sociaux les plus complexes et les opportunités d’une véritable solidarité. Ce carrefour vibrant, l’un des plus densément peuplés de Genève, est également le quartier le plus pauvre de la ville, où se concentre le plus grand nombre de personnes dépendant des prestations sociales (1). Il réunit des habitants de toutes origines, souvent confrontés à des situations de précarité, à l’absence de statut légal et à des inégalités marquées, où l’intersectionnalité des discriminations liées au genre, à l’origine et à la condition socio-économique amplifie les vulnérabilités. Les Pâquis sont aussi un lieu de rencontre pour les populations à bas seuil, qui y ont développé l’une de leurs zones de confort, souvent en dépit des stigmates et préjugés associés à leurs conditions de vie.
Les Pâquis incarnent un mélange intense de cultures et de réalités sociales, où les espaces publics, dont les nombreuses zones piétonnisées et les préaux, jouent un rôle fondamental. Une agora moderne, un lieu de rencontre, d’échange et de confrontation des problématiques sociales, à l’image des espaces partagés par nos ancêtres grecs.
Malgré les tensions liées à la forte densité et à la scène ouverte de la drogue, les nuisances ou les épisodes de violence, ce quartier reste un symbole de résilience et d’entraide. Notre engagement y prend racine, en réinventant le vivre-ensemble au cœur de cette mosaïque humaine.